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Portrait du jour : Isabelle Baumann-Lenot, New-York

5 juillet 2012

Isabelle Baumann-Lenot, ancienne Secrétaire Générale de l'Union Alsacienne de New-York, répond à 10 questions à l'occasion de nos 4 ans !

Isabelle BAUMANN-LENOT

1) Isabelle, vous êtes Membre de l'Union Internationale des Alsaciens. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre engagement ?

Principalement deux raisons : l'amour d'une région exceptionnelle et le désir de garder le contact avec l'international.

En fait, c'est mon caractère qui sans effort me pousse sans cesse à promouvoir les choses que j'aime, mes passions ou mes convictions. En épousant un Strasbourgeois qui n'a jamais travaillé en France, il y a bientôt 15 ans, j'ai signé pour l'expatriation. Apres l'Allemagne, l'Autriche, la Californie, Genève, c'est à notre arrivée sur New-York, en 2006, que je suis tombée sur la revue des Alsaciens de l'étranger et me suis tout naturellement inscrite à l'Union Alsacienne de NY... Par curiosité !

Il y a 18 mois, lors de notre retour en Europe, j'ai été contactée par Gérard Staedel, qui m'a mise dans le circuit de l'Union Internationale des Alsaciens. A travers cette formation, je "vends" l'Alsace à tout va et, comme chaque membre, veut être l'ambassadrice d'une région non seulement magnifique, mais qui possède un potentiel de séduction énorme que souvent les alsaciens ne soupçonnent pas.

 

2) Quels sont vos « outils » pour vendre l'Alsace ?

Mon meilleur argument ? Ma terre natale, la Picardie !!!
Car quand on est « français de l'intérieur », et que l'on possède l'expérience de l'expatriation, le regard sur une région où un pays est rapide, on scanne les habitudes et la culture. On observe. On pose des questions sur le pourquoi des attitudes qu'on ne comprend pas etc. On va l'essentiel beaucoup plus rapidement que l'autochtone ; en un sens, on est plus critique car il faut aller vite pour s'intégrer si on veut être heureux, et l'on est plus à même de présenter les points forts et les faiblesses d'une région.

Mon 2e outil est mon tempérament je crois...
Je parle avec passion de l'Alsace (comme des USA...) avec des anecdotes, des expériences vécues, drôles, ou moins drôles, des quiproquos. Ces histoires que je vis au quotidien et que je relate sur le vif sont mes meilleurs outils. Je reste en Alsace avec ce statut spécial d'expatriée de l'intérieur qui est fantastique et qui me donne le droit de toujours pouvoir questionner sur tous les sujets sensibles sans retenue... Et on ne m'en veut pas, je suis Picarde !

 

3) Il y a quelques années, vous étiez également Secrétaire Générale de l'Union Alsacienne de New-York. Pouvez-vous nous décrire quelles étaient vos actions ?

Mon 1er travail a été de remettre à jour les coordonnées des membres, ce qui n était pas une mince affaire. L'union de NY était un peu sommeillante et il fallait, avec l'équipe de l' époque, relancer le dynamisme des troupes, trouver des jeunes et s'occuper des moins jeunes très attachés aux traditions des lunchs et autres fêtes qui jalonnent le calendrier français et américain, comme Le Bastille Day (14 juillet - fêté à Manhattan avec tout un quartier fermé à la circulation où la France est présente au travers de stands de produits régionaux français, des associations francophones, des parades etc), les anniversaires de la Statue de la Liberté ou l'accueil des D'Ranners d'Andolsheim qui débarquaient pour leur premier marathon de New-Yorj.

Le souci, à New-York, c'est que toute location de salle ou de restaurant est excessivement chère, ce qui n'est pas le cas dans les pays où se trouvent les autres Unions Alsaciennes. Respecter un budget abordable pour rassembler un maximum de membres relevait à chaque fois du challenge. Il ne faut pas oublier non plus que tous les membres ne vivent pas dans Manhattan ; beaucoup sont dans le New Jersey, le Connecticut, Putnam, Long Island... rendant les transports plus difficiles. Je me suis personnellement impliquée chez certains "seniors" de l'Association qui habitaient à côté de chez moi, à New Rochelle, pour leur rendre visite, leur fêter leur anniversaire avec un petit kugelhof (fait par une Alsacienne du bout de ma rue), notamment pour le centenaire d'une de nos membres. Et comme j'avais la chance de pouvoir faire la navette entre l'Alsace et New-York, je leur apportai pain d'épices et autres friandises alsaciennes typiques. Que du bonheur !

 

4) Quel a été votre parcours ?

Je suis née à Amiens, numéro 7 et dernière d'une famille nombreuse (6 filles et 1 garçon !). Parcours scolaire classique, BTS de Direction Trilingue à Amiens, puis un peu de Droit à Paris. Avant mon mariage avec Alain, en 98, j'ai travaillé plus de 15 ans à Paris dans un secteur qui me passionnait : les vins. Je travaillais pour Cuisines et Vins de France, Gault-Millau, Guide des vins des Sommeliers, lancement des guides de Gilles Pudlowski, de Jean-Luc Petitrenaud, etc. C'est-à-dire publicité, rédaction et événementiel dans le secteur des vins et de la gastronomie. J'ai même été assistante parlementaire le temps d'une campagne législative. On me dit polyvalente...

 

5) Pour vous, quel serait le symbole de l'Alsace à New-York ?

Symbole humoristique... Il y a toujours de l'humour avec moi...

Alors, fermez les yeux et imaginez une cigogne aux longs cils... Une patte sur la torche de la statue de la liberté, le bec fièrement levé vers le ciel tenant le tout nouveau logo de la marque Alsace (avec le A de l'Alsace en forme de "Pretzel" comme l'écrivent les Américains et l'autre patte repliée comme le flamand rose. Equilibriste, notre cigogne !

 

6) Qu’est-ce qui vous plait le plus en Alsace ?

Je reviens toujours à mon propos précèdent : en tant que Picarde, l'Alsace est pour moi un pays EXOTIQUE !

C'est une expatriation de plus, et j adorrrrrrrrrrrrrrre découvrir une autre culture, des traditions différentes, des recettes de cuisine chargées d'histoire... Chaque jour est une découverte comme si j'habitais un autre pays. Le plaisir indicible d'aller à la boulangerie de Rosheim et d'entendre parler l'Alsacien, une autre langue étrangère pour moi, tout cela me transporte et m'apporte l'exotisme. Certes, il y a les atouts classiques de beauté d'une région, avec ces châteaux en ruine qui jonchent la route des vins, cette lumière particulière, ce climat, cette architecture, ces centaines de calvaire dans les vignobles, ces pierres et inscriptions qui traduisent le lourd passé des invasions diverses. Tout cela est un patrimoine physique et intellectuel exceptionnel.

 

7) Qu'est-ce qui vous manque le plus à chaque fois que vous quittez l'Alsace pour New-York ?

Le Crémant de la famille Gaschy à Eguisheim et la vue de notre maison sur les chevaux de Mollkirsh et Laubenheim.

8) S'il n'était possible d'utiliser qu'un seul argument, lequel choisiriez-vous pour inciter l'un de vos contacts à venir en Alsace (pour visiter, étudier, travailler ou vivre) ?

Pas un, mais trois : la qualité de vie, la localisation géographique en pleine Europe et l'exotisme de la région.

9) Si l’Alsace était…

  • Un moment ? Dans l'année : l'Avent et les vendanges. Dans la semaine : le dimanche à 12h30, plus rien ne bouge en Alsace...On déjeune ! Dans la journée : le matin parmi les vignes et les arbres fruitiers de Rosheim
  • Une histoire ? Celles que m'ont raconté « mes » nonagénaires expatriées sur New-York, qui pleurent leur Alsace perdue, qu'ils ne reverront plus.. C'est poignant
  • Un cadeau ? Un repas au Cerf à Marlenheim, une coupe de champagne dans le jardin de l'Auberge de l'Ill, un livre de recettes de Simone Morgenthaler, une marqueterie de Spindler, un papier-peint de Zuber, une nappe de Beauville et milles autres encore
  • Un sens ? L'ouïe pour entendre et encore entendre parler de l'Alsace
  • Une personne ? Mon mari, Alain, bien sûr, et Ste Odile


10) Un mot pour la fin ?

L'Alsacien a une chance inouïe de vivre dans une région exceptionnelle, très prospère et qui continue de l'être, au carrefour de bien des chemins qui ont forgés son caractère et sa typicité.

J'ai demandé, un jour, à Maman (90 ans) si elle avait ressenti dans sa vie de la jalousie envers quelqu'un ou une situation. « Jamais, m'a-t-elle répondu, car j'ai toujours envié ce que je possédais. » Cette réponse est gravée à jamais dans ma mémoire. J'aimerais tant que tous les Alsaciens, de la ville ou de la campagne, prennent conscience du joyau qu'ils ont en eux d'être Alsacien !

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Merci, Isabelle, d'avoir accepté de répondre à nos questions !

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