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Portrait du jour : Lionel Diss, Oslo

19 juillet 2012

Lionel Diss, Conseiller Programme Afrique Centrale à la Rainforest Foundation Norway à Oslo, en Norvège, répond à 10 questions à l'occasion de nos 4 ans !

 

 

 

lionel diss

 

1) Lionel, vous êtes membre du Club des Ambassadeurs d'Alsace. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre engagement ?

 

 

 

 

Une délicieuse et incontournable envie de raconter l'Alsace. L'intérêt de voir comment d'autres expriment leur amour pour notre région.

 

 

 

 

2) Quels sont vos « outils » pour vendre l'Alsace ?

 

 

 

 

Des lieux d'exception.

Des gens qui aiment leur région, en connaissent les richesses jusqu'au bout des doigts, et savent l'importance d'en partager les fruits pour mieux les protéger.
Des gens qui font eux-mêmes la richesse de l'Alsace, de par leur talent, leur art, leurs connaissances. Éveiller les sens, créer des rencontres, des émotions.

Le charme de l'Alsace est naturel, irrésistible. Nul besoin, nulle envie, de la vendre.

 

 

3) Vous êtes également Conseiller Programme Afrique Centrale à la Rainforest Foundation Norway à Oslo, en Norvège. Pouvez-vous nous décrire votre activité ?

 

 

 

 

La Fondation œuvre pour la préservation des forêts tropicales dans le monde. Notre approche est que la meilleure manière de les protéger est de reconnaître et sécuriser les droits des populations qui vivent dans ces forêts, en dépendent pour leurs moyens de subsistance, et les ont gérées de manière durable durant des millénaires, et ce jusqu'à nos jours.

Mon travail se concentre principalement sur la République Démocratique du Congo, où la Fondation appuie des projets visant à la reconnaissance des droits traditionnels à la terre et aux ressources des populations forestières, et en particulier des Batwa et Bambuti, peuples autochtones chasseurs-cueilleurs, communément appelés Pygmées.
Les Pygmées entretiennent une relation étroite avec leur environnement. Les forêts sont essentielles à leur bien-être économique, culturel et social. Leurs connaissances et leur culture sont inestimables pour le pays, pour l'humanité. Les Pygmées font pourtant l'objet de graves discriminations, et se voient souvent expulsés, de gré ou de force et sans la moindre compensation, de leurs forêts traditionnelles convoitées par nombre d'acteurs économiques et de conservation de la nature.

Nous travaillons à l'établissement d'une base solide pour les politiques d'affectation des terres et de gestion des forêts en RDC, afin de protéger les droits de ces populations, des forêts parmi les plus riches en biodiversité et les plus anciennes du monde, afin de réduire les émissions de carbone dues à la déforestation et la dégradation des forêts, de lutter efficacement contre la pauvreté et d'assurer un développement durable.

 

 

4) Quel a été votre parcours ?

 

 

Né à Haguenau. Un enseignant d'école primaire, M. Bæchtel, m'aura donné le goût de l'histoire, au travers de celle de notre ville. Les années lycée, et en particulier les cours de ma professeure en sciences économiques et sociales, Mme Winninger, auront élargi mon horizon. Mes envies d'évasion y trouvent sans doute leur source, au moins en partie. Etudes de droit à Strasbourg. Les droits de l'homme n'étant pas encore un enseignement phare à la Faculté, je saisis la première occasion et rejoins un pays où il est fait la part belle à cette spécialité. Destination de choix : Norvège. Tâche facile : depuis la mise en place du programme Erasmus, aucun étudiant en droit de Strasbourg n'avait sollicité la seule place disponible dans ce pays.

Ma maîtrise à la Faculté d'Oslo sera caractérisée par les droits de l'homme, de la femme, de l'environnement, et avant toute chose par une formidable ouverture d'esprit et une insatiable envie d'apprendre. Prêt à rejoindre Strasbourg à l'issue de cette année, mes confrères me convainquent de postuler à un Master. Je passerai ainsi une année de plus à Oslo, au Centre norvégien des droits de l'homme, où j'écrirai une étude comparée des droits politiques de la femme en France et en Norvège, dans laquelle la petite touche alsacienne n'aura pas manqué, au travers des écrits de Catherine Trautmann et un entretien avec Philippe Richert.

En 2003, au moment où je présente mon projet de doctorat sur les droits de la femme en Afrique de l'Ouest et Afrique Centrale, Rainforest Foundation Norway recherche un juriste qui pourrait faire une analyse de la nouvelle législation forestière en RDC. Je décide alors de m'engager dans la vie active, et de travailler à la reconnaissance et au respect des droits de l'homme sur le terrain. Neuf ans plus tard, je suis toujours à RFN, où je vis une expérience de vie, professionnelle, exceptionnelle.

Ma compagne, alsacienne, travaille elle dans la section stratégique de la Poste norvégienne. Elle m'a suivi dès le début de cette aventure. Nous habitons maintenant avec nos deux garçons, de 3 et 6 ans, en forêt, à une trentaine de kilomètres d'Oslo, sur les rives du plus grand delta d'Europe du Nord. On n'y trouve pas de cigognes, certes, mais des oies sauvages. Un environnement idyllique qui n'empêche pas notre fils aîné de répéter, parfois avec un petit accent alsacien : « L'Alsace, c'est plus beau que la Norvège ! ». Les racines sont persistantes.

 

 

5) Pour vous, quel serait le symbole de l'Alsace en Norvège ?

Difficile de parler de symbole, mais je décernerais sans conteste un prix d'innovation ‘Alsace' au restaurant Le Benjamin à Oslo, qui est à ma connaissance la première adresse dans la capitale norvégienne à avoir proposé à ses convives la flammekueche. Au saumon, aux artichauts, ou aux asperges et trois fromages, la fantaisie est au rendez-vous, et les papilles n'auront rien à y redire.

Cette adresse est tout simplement une pure source de bonheur pour les Alsaciens, et autres amoureux de bonnes tables, en manque de cette succulente pizza alsacienne, comme s'amusent à l'appeler les Norvégiens qui savent qu'il ne faut pas nous taquiner sur des sujets aussi sensibles.

 

6) Qu’est-ce qui vous plait le plus en Alsace ?

L'atmosphère. L'environnement. Quand je pense à l'Alsace, ce sont des images, des parfums, des sensations qui prédominent. Si je suis tombé amoureux de la Norvège, c'est sans aucun doute que j'y ai retrouvé un peu de mon Alsace. Oslo est de taille comparable à celle de Strasbourg. L'architecture n'y est pas toujours aussi passionnante, la gastronomie pas toujours abordable, mais on s'y sent bien. L'ambiance est détendue. La nature est toute proche.

 

7) Qu'est-ce qui vous manque le plus quand vous quittez l'Alsace pour la Norvège ?

La famille et les amis. Et tout de suite après : ‘la soirée tarte flambée', bien évidemment. La gastronomie de manière générale. Petit lot de consolation : on trouve maintenant du Munster dans certains supermarchés norvégiens !

Des endroits, des ambiances me manquent, viscéralement : se promener sur les quais et dans les petites ruelles de Strasbourg, admirer la Cathédrale depuis son parvis, marcher dans les vignobles quand l'automne s'installe, contempler la Plaine d'Alsace depuis le Pont du Diable du Haut-Barr. Cueillir et manger des cerises et des quetsches, sous l'arbre même, respirer l'odeur du foin un jour de forte chaleur. Assister à une représentation dans l'ambiance intimiste du théâtre municipal de Haguenau, aux matchs d'improvisation théâtrale de la Lolita à Strasbourg.

Bref, c'est tout ce qui fait l'Alsace, mon Alsace, qui me manque.

 

8) S'il n'était possible d'utiliser qu'un seul argument, lequel choisiriez-vous pour inciter l'un de vos contacts à venir en Alsace (pour visiter, étudier, travailler ou vivre) ?

L'Alsace est une terre où il fait bon vivre. César écrivait que cette terre était « la meilleure de la Gaule entière ». Nous pouvons l'écrire au présent.

 

9) Si l’Alsace était…

  • Un moment ? Noël. Une ambiance incomparable, inimitable.
  • Une histoire ? Celle de nos grands-parents
  • Un cadeau ? Un solitaire. Notre belle Alsace est unique.
  • Un sens ? Impensable. L'Alsace attise tous les sens.
  • Une personne ? Tomi Ungerer

 

10) Un mot pour la fin ?

 

Une citation : « L'Alsace te parle. Elle dialogue avec toi dans le livre de la nature. [...] L'Alsace que tu découvres chante ses paysages, ses habitants, ses coutumes. Car une région est un être vivant, qui possède une voix à nulle autre semblable. Ecoutons-là. », extrait de Que Notre Alsace est Belle, Texte de Jean-Claude Walter (l'un de mes professeurs de français du Collège Foch de Haguenau), illustrations d'André Boos, Editions de La Nuée Bleue, 1983.

 

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Merci, Lionel, d'avoir accepté de répondre à nos questions !

Accédez au site de la Rainforest Foundation Norway.

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